Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge (DMLA) : Comprendre, Prévenir et Traiter la Maladie

La DMLA est une maladie chronique qui affecte la rétine et plus spécifiquement la macula, la zone centrale de la rétine, en provoquant une détérioration progressive de la vision centrale des personnes âgées de plus de 50 ans. Cette maladie figure parmi une des premières causes de déficience visuelle et de malvoyance dans ce groupe d'âge et impacte très négativement leurs activités quotidiennes notamment en vision de près telles que la lecture. Elle peut également affecter leur capacité à conduire leur véhicule.Un tel trouble visuel, bien qu'il ne provoque pas une perte totale de la vue peut considérablement altérer le bien-être des individus touchés.

La DMLA évolue progressivement et peut évoluer vers des formes plus sévères si elle est négligée ou non traitée en temps voulu. Même si les causes exactes et précises de la survenue d’une telle maladie ne sont pas encore complètement comprises, il a été démontré que des facteurs de risque génétiques et environnementaux jouent un rôle dans son développement. Les recherches actuelles contribuent à améliorer les mesures préventives et à freiner sa progression grâce à des traitements spécifiquement ciblés. 

L’INSERM joue un rôle central en France et à Paris dans la recherche sur cette maladie. En collaboration avec des équipes internationales, l'Inserm a identifié sept nouvelles régions du génome humain associées à un risque accru de développer la DMLA, ouvrant ainsi la voie à une meilleure compréhension des facteurs génétiques impliqués dans cette pathologie.

A travers cet article, nous exposons les signes, les dangers, les types d'affection ainsi que les thérapies disponibles et les avancées en recherche. 

Qu'est-ce que la DMLA et en quoi impacte-t-elle la rétine ?

La DMLA est un problème oculaire qui affecte la macula - une petite partie de la rétine située au centre et responsable de la vision fine telle que la lecture, la distinction des couleurs ainsi que la perception des contrastes visuels. Lorsque la macula se détériore progressivement dans le temps, une déformation de la vision centrale apparaît tout en gardant intact le champ de vision périphérique. 

Il existe principalement deux types de la maladie : la DMLA dans sa forme atrophique (appelée aussi « DMLA sèche »), et la DMLA Exsudative (connue aussi sous le nom de « forme humide »). La première se développe lentement avec une diminution graduelle des cellules rétiniennes tandis que la seconde se caractérise par l'apparition des vaisseaux anormaux sous la rétine entraînant des hémorragies et une détérioration visuelle plus rapide. 

Cette affection tend à se manifester couramment après 50 ans ; cependant certaines formes inhabituelles peuvent toucher des individus plus jeunes. La progression de la maladie diffère d'une personne à l'autre ; néanmoins un suivi médical rigoureux permet de repérer précocement les symptômes et de mettre en place des protocoles et une prise en charge préventive appropriée.

Quels signes révèlent la présence de la DMLA ?

Les signaux de la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) peuvent surgir lentement et passer inaperçus au début de la maladie pour la plupart des individus touchés. D'ordinaire, les patients mentionnent une altération de leur vision centrale qui peut se traduire par des difficultés à lire ou à reconnaître les visages. Ce type de dysfonctionnement est souvent accompagné d'une baisse de la perception des contrastes et des couleurs. 

Un symptôme distinctif de la DMLA est la distorsion des lignes droites appelée métamorphopsies, phénomène conduisant les patients à voir les objets déformés comme de la tôle qui paraît onduler. Un autre symptôme est l'apparition d'une zone sombre (scotome) au centre du champ visuel rendant ardue toute tâche nécessitant une vision fine. 

Dans les formes évoluées, une perte de la vision centrale est possible. Cependant, la vision périphérique est épargnée.

Quels dangers sont associés au développement de la dégénérescence maculaire liée à l'âge ?

Plusieurs éléments contribuent au déclenchement et à l'évolution de la DMLA: 

  • L'âge représente le facteur de risque prédominant avec une augmentation marquée de la  fréquence de la maladie après 50 ans et affectant environ 30% des individus âgés de plus de 75 ans. 

  • Il a été démontré à travers des études que les origines génétiques ont un impact significatif sur l’apparition de la DMLA. Les individus avec des antécédents familiaux de DMLA ont ainsi davantage de risque d'en être affectés. 

  • D'autres facteurs tels qu'une alimentation déficiente en antioxydants et une exposition prolongée aux rayons UV peuvent également accroître le risque. 

  • Par ailleurs, le fait de fumer (tabagisme) est l'un des facteurs modifiables les plus importants, les fumeurs ont ainsi quatre fois plus de risque de développer une DMLA que les non-fumeurs. 

  • En outre, l’obésité double le risque d’être atteint de DMLA. 


Comment peut-on distinguer la DMLA atrophique de la DMLA exsudative ?

La dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) atrophique - également connue sous le nom de forme sèche - progresse lentement au fil du temps. Elle se caractérise par l'apparition de drusens - des dépôts jaunâtres situés sous la rétine - qui perturbent progressivement le bon fonctionnement de la macula. Cette évolution peut se dérouler sur plusieurs années avant de causer une altération significative de la vision. 

La dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) exsudative ou forme humide est plus agressive en raison du développement de néovaisseaux sanguins anormaux et incompétents sous la rétine pouvant entraîner des hémorragies et un gonflement rétinien consécutif à cette pathologie oculaire grave qui peut causer une détérioration rapide de la vision centrale parfois en quelques semaines seulement. 

Un diagnostic précis est crucial pour différencier ces deux variantes de la maladie maculaire liée à l'âge (DMLA). Lors de l’examen du fond de l’œil et par le biais d'une Tomographie par Cohérence Optique (Optical Coherence Tomography - OCT), il devient possible de repérer les anomalies et déterminer la catégorie spécifique de DMLA développée chez le patient. 

Quelles options existent pour traiter la DMLA ?

Jusque-là, il n’y a pas de remède absolu pour traiter la DMLA ; cependant, il existe des solutions pour freiner son évolution et préserver la vue le plus longtemps possible.

1- Traitement des formes humides

Dans le cas de la DMLA exsudative et suite au bilan avec l’ophtalmologue¸ les injections intravitréennes (IVT) d'anti-VEGF constituent la thérapie principale recommandée¸ permettant d'entraver la croissance des vaisseaux anormaux et donc d'atténuer les risques d'hémorragies et d'oedème. 

Les anti-VEGF (anticorps anti facteur de croissance de l’endothélium vasculaire) sont les principales molécules utilisées pour la DMLA exsudative (humide). Ils permettent d'inhiber la croissance des néo vaisseaux anormaux sous la rétine.

Voici les principaux anti VEGF actuellement utilisés :

Ranibizumab (Lucentis®)

  • Premier anti VEGF approuvé spécifiquement pour la DMLA.

  • Bloque l’action du VEGF-A, réduisant ainsi la perméabilité des vaisseaux sanguins et leur prolifération.

  • Administré par injections intravitréennes répétées (environ une injection par mois au début, puis espacées selon l'évolution).

Aflibercept (Eylea®) ( 2 mg ou 8 mg)

  • Il piège à la fois le VEGF-A et le PlGF 

  • Il est administré par injections intravitréennes répétées (environ une injection par mois au début, puis espacées selon l'évolution).

Brolucizumab (Beovu®)

  • plus récemment commercialisé avec une structure plus petite.

Faricimab (Vabysmo®)

  • Premier traitement ciblant à la fois le VEGF-A et l’Angiopoïétine-2, impliqués dans la perméabilité des vaisseaux rétiniens.

  • Permet en théorie un intervalle de traitement entre deux injections plus long (jusqu’à 16 semaines entre deux injections dans certains cas).


2- Traitement des formes atrophiques

En ce qui concerne la DMLA  atrophique ; il n'existe actuellement aucun traitement pour restaurer les cellules rétiniennes perdues de façon efficace. Toutefois des recherches indiquent qu'une alimentation riche en antioxydants et l’utilisation de certains compléments alimentaires spécifiques pourraient jouer un rôle dans la limitation de la progression de l’atrophie.

Le Syfovre® (pegcetacoplan), est le premier médicament approuvé par la FDA aux États-Unis pour traiter la DMLA atrophique (forme sèche), Ce traitement est administré par des injections intravitréennes répétées et agit en entravant le processus inflammatoire responsable de la dégénérescence progressive des cellules rétiniennes en ciblant spécifiquement le complément C3, un élément essentiel du système immunitaire dont l'hyperactivité est associée à l'évolution de la maladie. Les recherches cliniques ont démontré que le Syfovre® pouvait substantiellement ralentir la progression des lésions atrophiques et offrir ainsi une nouvelle option pour préserver la vision centrale des patients souffrant de DMLA sévère. Alors que ce traitement est encore en attente d'approbation en Europe, il représente une avancée significative dans la gestion de la DMLA atrophique.

Comment éviter la détérioration de la vue causée par la DMLA  ?

Prévenir la DMLA implique d'adopter de bonnes habitudes de vie et de réaliser des contrôles réguliers chez l'ophtalmologiste pour détecter tout signe précoce. Bien que certains facteurs comme la génétique ne soient pas modifiables, il est possible de contrôler d'autres éléments pour réduire le risque de développer ou d'aggraver la maladie. Une des mesures les plus cruciales est d'arrêter de fumer car les études indiquent que le tabagisme augmente par quatre le risque de contracter une DMLA en raison du stress oxydatif qu'il engendre au niveau des cellules rétiniennes. 

La nutrition joue également un rôle crucial dans la prévention oculaire ! Une alimentation riche en antioxydants aide à combattre le vieillissement des cellules de la rétine. Il est conseillé d'inclure dans votre régime alimentaire des légumes verts à feuilles comme les épinards et le chou kale), des fruits rouges juteux et colorés ainsi que des poissons gras contenant des oméga-3 bénéfiques pour les yeux. N'oubliez pas d'intégrer aussi des fruits à coque comme les amandes et les noix qui regorgent de nutriments indispensables tels que la lutéine et la zéaxanthine pour protéger votre macula contre toute dégradation. 

Il est essentiel de veiller à la protection des yeux contre les rayons ultraviolets (UV) et la lumière bleue afin de ralentir le processus de vieillissement de la rétine. Il est recommandé de porter des lunettes de soleil qui filtrent les UV en extérieur et d'utiliser des filtres adaptés sur les écrans. 

3-La photobiomodulation : une option prometteuse à considérer ?

La photobiomodulation est une approche émergente qui utilise la lumière à faible intensité pour activer les cellules de la rétine et ralentir la détérioration de la macula. Ce traitement repose sur l'exposition de la rétine à des longueurs d'onde spécifiques telles que le rouge et le proche infrarouge afin de stimuler le métabolisme cellulaire, réduire le stress oxydatif et encourager la régénération des tissus oculaires. 

Dans le contexte de la DMLA atrophique (forme sèche), pour laquelle les options thérapeutiques sont limitées, l'utilisation de la photobiomodulation pourrait offrir une solution prometteuse pour préserver la vision et ralentir l'évolution de cette maladie. Plusieurs recherches sont actuellement menées pour évaluer son efficacité et certains centres spécialisés en ophtalmologie commencent à offrir cette méthode aux patients. Malgré des résultats préliminaires prometteurs, davantage d'études sont requises pour confirmer son utilité dans le traitement des maladies de la rétine centrale. 

Quelle importance ont les compléments alimentaires dans le traitement de la DMLA ?

L'étude AREDS (Age-Related Eye Disease Study) a prouvé que l'association de vitamines C et E, zinc, cuivre, lutéine et zéaxanthine contribuait à freiner l'évolution de la maladie chez le patient souffrant de DMLA. Certains ophtalmologistes prescrivent régulièrement ces nutriments,sous forme de gélules,en plus d'une alimentation équilibrée pour leurs patients. 

Cependant, ces compléments doivent être prescrits par votre médecin qui vérifie l’absence d'interactions avec les médicaments habituels (tels que les anticoagulants). 

Où trouver un spécialiste de la DMLA à Paris ? 

Trouver un spécialiste de la DMLA à Paris est essentiel pour bénéficier d’une prise en charge rapide et adaptée. Plusieurs centres ophtalmologiques et hôpitaux spécialisés proposent des consultations dédiées aux maladies de la rétine, permettant d’effectuer un diagnostic précis et de mettre en place un traitement adapté. Parmi les options, on retrouve le centre ophtalmologique comme OMMA Ophtalmologie Paris 5 et Paris 11, qui offrent des consultations avec rdv via Doctolib. Pour une urgence, vous devez vous rendre au CHU le plus proche rapidement, comme l’OphtalmoPôle de Paris. OMMA Paris 11 est au cœur des quartiers Saint Paul, Bastille, Ledru-Rollin, tandis que OMMA Paris 5 est au niveau de Val-de-Grâce, Port-Royal, Jardins du Luxembourg.

En conclusion, la DMLA est une pathologie complexe qui touche de nombreux patients de plus de 50 ans. Une guérison complète n'est pas encore possible, mais grâce à des avancées importantes récentes concernant le diagnostic et la gestion de la maladie, la progression peut en être ralentie.

Un suivi régulier chez l'ophtalmologiste et des habitudes de vie saines sont essentiels pour protéger sa vue de manière optimale. 

En présence de signes inquiétants dans votre vision, il est crucial de consulter votre médecin rapidement pour un examen ophtalmologique afin de préserver votre vision. 



Aller plus loin :

Photobiomodulation for Age-Related Macular Degeneration
Wikipedia : la DMLA
INSERM : la DMLA
Uveite Rétine : DMLA