Angiographie oculaire : définition, types, indications et déroulement de l’examen

Qu’est-ce que l’angiographie ? Définition et principe général

L’angiographie est un examen d’imagerie médicale permettant de visualiser en temps réel la circulation sanguine à l’intérieur des vaisseaux sanguins. Elle repose sur l’injection intraveineuse d’un produit de contraste, suivi d’une série de clichés photographiques ou d’images numériques prises à intervalles réguliers. L’objectif est de suivre le trajet du colorant dans les vaisseaux afin de repérer éventuellement des anomalies de perfusion, des fuites, des obstructions ou des vaisseaux anormaux. Ce procédé constitue l’un des piliers de l’exploration vasculaire, aussi bien dans le domaine de la cardiologie, de la neurologie que de l’ophtalmologie.

En ophtalmologie, l’angiographie est centrée sur l’étude de la vascularisation de la rétine et de la choroïde, deux tissus riches en capillaires et essentiels à la vision. Cette forme spécifique d’angiographie permet d’analyser la perfusion oculaire à l’aide de colorants fluorescents tels que la fluorescéine sodique ou le vert d’indocyanine (ICG). Injecté dans une veine du bras, le produit de contraste circule jusqu’aux vaisseaux oculaires, et l’on capte alors une succession d’images du fond d’œil à l’aide d’une caméra spéciale (appelée angiographe).

L’angiographie ne se limite pas à une simple photographie : elle fournit des données fonctionnelles sur la dynamique circulatoire. Elle permet d’observer la vitesse du flux, les retards de remplissage, les fuites de produit de contraste, les microanévrismes, les néo-vaisseaux ou encore les zones d’ischémie. À ce titre, elle constitue un outil diagnostique essentiel dans les pathologies oculaires comme la rétinopathie diabétique, la DMLA ou les inflammations oculaires. En somme, l’angiographie offre une vision en direct de la santé vasculaire de l’œil, apportant une précision diagnostique unique et guidant de nombreuses décisions thérapeutiques.

La suite de l'article détaillera toutes les dimensions cliniques, techniques et pratiques de cet examen incontournable en ophtalmologie.

Déroulement de l’angiographie : étapes de l’examen

L’examen d’angiographie rétinienne est généralement réalisé en consultation, dans un cabinet d’ophtalmologie équipé d’un appareil d’imagerie adapté. Il se déroule selon plusieurs étapes précises, conçues pour maximiser la sécurité, la qualité des images et le confort du patient. Sa durée totale est d’environ une heure, incluant la préparation, l’examen proprement dit et la période de surveillance post-examen.

1. Préparation du patient et dilatation pupillaire

La première étape consiste à accueillir le patient, vérifier ses antécédents médicaux et s’assurer de l’absence de contre-indications. Un collyre mydriatique est ensuite instillé pour dilater la pupille. Cette dilatation permet une meilleure visibilité du fond d’œil et dure généralement 15 à 30 minutes. Durant ce temps, le patient reste en salle d’attente, avec une vision floue et une photophobie transitoire.

2. Installation et mise en place de la voie veineuse

Une fois la pupille bien dilatée, le patient est installé face à l’appareil de prise d’images. Une petite perfusion intraveineuse est posée au pli du coude. C’est par cette voie qu’est injecté le produit de contraste, généralement la fluorescéine sodique (et/ou l’ICG selon l’indication).

3. Injection du colorant et capture des images

Dès l’injection du colorant, l’angiographe commence à prendre des clichés successifs du fond d’œil. Le produit met entre 5 et 15 secondes à atteindre les vaisseaux oculaires, selon la circulation du patient. Une série d’images est alors enregistrée pendant 5 à 15 minutes, pour documenter les différentes phases du passage du colorant : phase artérielle, veineuse, tardive. L’appareil émet des flashs lumineux intenses, parfois gênants, mais non douloureux.

4. Surveillance après l’examen

À la fin de la prise d’images, le patient est observé pendant 30 minutes en salle d’attente pour s’assurer de l’absence de réaction allergique ou d’effet secondaire. Pendant cette période, l’équipe vérifie que le patient ne présente ni malaise, ni démangeaisons, ni vomissements. Cette surveillance est systématique même si l’examen s’est bien déroulé.

5. Analyse des résultats

Les images sont ensuite analysées par l’ophtalmologiste. Le professionnel identifie les zones de fuite, d’ischémie, de néovascularisation ou d’obstruction, selon le contexte clinique. Ces résultats permettent de poser un diagnostic précis et, le cas échéant, de programmer un traitement ciblé (laser, injection, chirurgie).

L’examen est en général indolore, rapide et très bien toléré. Hormis l’éblouissement temporaire, les effets secondaires sont rares et transitoires. L’angiographie constitue donc une procédure fiable et efficace pour obtenir une cartographie fonctionnelle des vaisseaux rétiniens et choroïdiens.


Types d’angiographie et spécificités

En ophtalmologie, il existe plusieurs types d’angiographies, chacune ayant ses spécificités, ses indications et ses limites. Le choix du type d’angiographie dépend de la profondeur des tissus à explorer, de la nature de la pathologie suspectée, et des besoins cliniques du praticien.

1. Angiographie à la fluorescéine

C’est la forme la plus répandue. Elle repose sur l’injection intraveineuse de fluorescéine sodique, un colorant jaune fluorescent qui émet une lumière visible lorsqu’il est excité par une source lumineuse bleue. Ce type d’angiographie permet une visualisation précise des vaisseaux rétiniens superficiels, en particulier les artérioles, les veinules et les capillaires. Elle est indiquée dans les cas de rétinopathie diabétique, occlusions vasculaires, DMLA, ou encore œdèmes maculaires. L’analyse des clichés permet d’observer les fuites, les zones non perfusées (ischémie), et les néo-vaisseaux anormaux.

2. Angiographie au vert d’indocyanine (ICG)

Ce colorant vert absorbe et émet dans l’infrarouge, ce qui le rend plus efficace pour visualiser la choroïde, une couche vasculaire profonde difficile à explorer avec la fluorescéine. L’ICG traverse mieux les pigments rétiniens et les hémorragies sous-rétiniennes, ce qui en fait un outil précieux pour détecter les néovaisseaux choroïdiens occultes (notamment dans certaines formes de DMLA humide), les choroïdites, ou encore les polypose choroïdiennes. L’examen est plus long, car le produit circule plus lentement.

3. Angiographie OCT (OCT-A)

Cette technique innovante, appelée OCT-angiographie, ne nécessite aucune injection. Elle repose sur des mesures de déplacement des globules rouges par tomographie par cohérence optique. Elle permet une cartographie fine de la microcirculation rétinienne et choroïdienne, avec la possibilité de distinguer les différents plexus vasculaires. L’OCT-A est non invasive, reproductible, et de plus en plus utilisée pour le suivi de pathologies chroniques. Toutefois, elle ne détecte pas les fuites de liquide, et son champ visuel reste limité.

4. Autres angiographies (hors ophtalmologie)

Il est important de noter que le terme « angiographie » est aussi utilisé dans d’autres spécialités médicales. On parle par exemple d’angiographie cérébrale, coronaire ou numérique par tomodensitométrie (angioscanner), utilisant des produits de contraste iodés et des rayons X. En comparaison, l’angiographie oculaire est moins invasive, plus simple à réaliser, sans rayonnement ionisant.

Chaque type d’angiographie a donc ses spécificités, et leur complémentarité permet d’adapter le diagnostic à chaque situation clinique.

Prescription et indications médicales

L’angiographie oculaire est un examen prescrit sur indication médicale, généralement par un ophtalmologiste, lorsqu’une exploration précise de la vascularisation rétinienne ou choroïdienne est requise. Sa prescription repose sur l’objectif d’obtenir une cartographie fonctionnelle des vaisseaux pour orienter le diagnostic, planifier un traitement, ou suivre une pathologie chronique.

1. Indications diagnostiques

L’angiographie est indiquée en cas de suspicion de pathologie vasculaire oculaire. Elle permet de confirmer ou d’infirmer un diagnostic, d’évaluer l’étendue d’une atteinte, ou de différencier plusieurs hypothèses diagnostiques. Parmi les contextes typiques :

  • baisse d’acuité visuelle inexpliquée,

  • œdème maculaire (visible ou soupçonné à l’OCT),

  • anomalies visibles en fond d’œil ou à la rétinographie,

  • signes évocateurs de DMLA, d’occlusion veineuse ou de rétinopathie diabétique,

  • uvéites postérieures et suspicions de vascularites rétiniennes,

  • taches ou lésions pigmentées suspectes (névus, tumeur).

2. Indications thérapeutiques

Avant un traitement au laser rétinien, l’angiographie permet de cibler avec précision les zones à traiter (ischémie, microanévrismes, néovaisseaux). Elle guide également les décisions d’injections intravitréennes (anti-VEGF, corticoïdes) dans les pathologies exsudatives. Dans certains cas rares, elle peut aussi orienter vers une photothérapie dynamique.

3. Indications de suivi

L’angiographie est parfois répétée pour évaluer la réponse au traitement, vérifier la disparition des fuites, ou détecter une récidive de néovaisseaux. Toutefois, avec le développement de l’OCT et de l’OCT-A, on réserve l’angiographie injectable aux cas où un doute subsiste ou en cas de changement de stratégie.

En somme, la prescription d’une angiographie repose sur une analyse individualisée du cas clinique, et l’examen est justifié dès qu’il peut modifier la prise en charge thérapeutique.

Pathologies diagnostiquées par l’angiographie

L’angiographie rétinienne et choroïdienne permet de diagnostiquer une grande variété de pathologies affectant la microcirculation oculaire. Elle est particulièrement utile pour explorer les maladies vasculaires, dégénératives, inflammatoires ou tumorales de la rétine et de la choroïde. Voici les pathologies les plus couramment identifiées grâce à cet examen.

1. Rétinopathie diabétique

L’angiographie à la fluorescéine est l’examen de référence pour détecter les anomalies liées au diabète. Elle met en évidence :

  • des microanévrismes (points hyperfluorescents),

  • des zones d’ischémie capillaire (territoires hypofluorescents),

  • des fuites capillaires responsables d’œdèmes maculaires,

  • et des néo-vaisseaux proliférants. Elle permet également de stager la maladie (modérée, sévère, proliférante) et de planifier un traitement ciblé par laser ou injections.

2. Dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA)

Dans la forme exsudative (humide), l’angiographie révèle les néovaisseaux choroïdiens actifs qui fuient. La fluorescéine montre une hyperfluorescence progressive, tandis que l’ICG permet de visualiser des formes occultes ou des polypes (polypose choroïdienne). Cette distinction est cruciale pour le choix du traitement.

3. Occlusions vasculaires rétiniennes

Les occlusions veineuses (branche ou centrale) se traduisent par une stagnation ou absence de flux, des hémorragies, et une ischémie étendue. Les occlusions artérielles montrent un arrêt brutal du passage du colorant. L’angiographie permet de différencier une forme ischémique d’une forme non ischémique, ce qui oriente le pronostic et la prise en charge.

4. Uvéites postérieures et vascularites

L’angiographie permet de visualiser les fuites inflammatoires (vascularites), les hypofluorescences choroïdiennes (choroïdites), et les œdèmes maculaires secondaires. Elle est incontournable dans le bilan des uvéites infectieuses ou auto-immunes.

5. Tumeurs oculaires

Les hémangiomes, mélanomes choroïdiens ou naevus suspects peuvent être évalués par angiographie. L’ICG permet d’analyser la vascularisation tumorale et d’orienter le diagnostic différentiel.

6. Autres pathologies

Certaines maladies rares comme la polypose choroïdienne, la myopie forte avec néovaisseaux, les syndromes d’ischémie périphérique, ou les glaucomes néovasculaires peuvent également bénéficier de l’angiographie pour préciser leur mécanisme vasculaire.

En résumé, l’angiographie est une aide diagnostique majeure pour toutes les pathologies où l’altération de la vascularisation oculaire est en cause. Elle donne une preuve visuelle indispensable pour une prise en charge optimale.

Utilité de l’angiographie et apports thérapeutiques

L’angiographie ne se limite pas à l’obtention d’un diagnostic. Elle a un rôle essentiel dans la planification, la réalisation et le suivi des traitements ophtalmologiques. Ses apports sont à la fois diagnostiques, pronostiques et thérapeutiques.

1. Apport au diagnostic de précision

L’angiographie permet de repérer des anomalies fonctionnelles invisibles à l’examen clinique ou à l’OCT. Elle met en évidence la dynamique de perfusion, les fuites capillaires, les microanévrismes, les néovaisseaux, les stases et les obstructions vasculaires. Ce niveau de détail fonctionnel est irremplaçable pour distinguer plusieurs étiologies cliniquement proches (par exemple, différencier un exsudat inactif d’un néovaisseau actif).

2. Guide de traitement ciblé

L’angiographie permet de cartographier avec précision les zones pathologiques à traiter :

  • repérage des zones ischémiques pour le laser panrétinien,

  • localisation des microanévrismes à photocoaguler,

  • identification des néovaisseaux actifs pour les injections intraoculaires,

  • calibration des lésions à traiter en thérapie photodynamique.

3. Suivi thérapeutique et évaluation de l’efficacité

L’angiographie peut être répétée pour contrôler l’efficacité d’un traitement : disparition des fuites, régression des néovaisseaux, réduction des zones d’ischémie. Cette visualisation directe aide à adapter la fréquence des injections, à évaluer l’impact d’un laser, ou à décider d’un changement de stratégie thérapeutique.

4. Renforcement de l’adhésion du patient

En montrant les images angiographiques au patient, on rend la pathologie plus concrète. Cela facilite la compréhension de la maladie et la motivation à suivre le traitement. L’angiographie joue donc aussi un rôle pédagogique dans la relation médecin-patient.

En conclusion, l’angiographie est un outil médical complet, à la fois exploratoire et stratégique. Elle permet de poser un diagnostic solide, d’élaborer un plan de soins personnalisé, et d’assurer un suivi rigoureux des pathologies vasculaires oculaires.


Risques, effets secondaires et limites

L’angiographie est un examen d’imagerie globalement bien toléré, mais qui, comme tout acte médical, peut comporter des effets secondaires bénins, voire exceptionnellement des complications graves. Il convient d’en informer les patients de manière transparente.

1. Effets secondaires bénins et fréquents

Les effets les plus fréquents sont sans gravité :

  • Coloration jaune de la peau et urines fluorescentes pendant quelques heures après l’injection de fluorescéine.

  • Nausées transitoires chez environ 10 % des patients, disparaissant spontanément.

  • Sensation de chaleur, goût métallique ou amer en bouche au moment de l’injection.

  • Petite ecchymose ou gêne locale au point de ponction (rare extravasation du produit).

Ces effets sont généralement bien supportés et ne nécessitent pas de traitement.

2. Réactions allergiques (rares)

Les réactions allergiques à la fluorescéine ou à l’ICG sont rares (< 0,05 %) mais peuvent aller de simples démangeaisons ou urticaire à une réaction anaphylactique sévère. C’est pourquoi une surveillance médicale de 30 minutes est systématiquement réalisée après l’examen. En cas d’antécédent allergique connu, une prémédication antihistaminique peut être proposée.

3. Contre-indications et précautions

Les contre-indications relatives incluent :

  • Allergie avérée à la fluorescéine ou à l’iode (pour l’ICG).

  • Grossesse, en particulier au 1er trimestre (par précaution).

  • Allaitement : suspension conseillée pendant 48 h après l’injection.

  • Insuffisance rénale sévère : prudence en cas de comorbidité importante.

4. Limites techniques

Certaines situations peuvent gêner l’interprétation :

  • Cataracte dense, hémorragie intraoculaire masquant la rétine.

  • Non-coopération du patient, mouvements de tête, clignements excessifs.

  • Champ de vision restreint avec certaines caméras d’angiographie classiques.

Enfin, l’angiographie reste un examen invasif, impliquant une injection, ce qui limite sa répétition trop fréquente. On privilégiera parfois l’OCT ou l’OCT-A pour le suivi courant.

Préparation et précautions avant/après l’examen

Une bonne préparation et des consignes claires améliorent la qualité de l’examen et le confort du patient.

1. Avant l’examen

  • Informer le médecin de toute allergie, traitement en cours, grossesse ou problème de santé chronique.

  • Il n’est pas nécessaire d’être à jeun, mais un repas léger est conseillé.

  • Ne pas porter de lentilles le jour de l’examen.

  • Prévoir une paire de lunettes de soleil pour la sortie, à cause de la dilatation.

  • Éviter de venir seul(e) : la dilatation rend la conduite impossible pendant quelques heures.

2. Pendant l’examen

  • Coopérer au maximum : rester immobile, bien caler le front et le menton.

  • Accepter la sensation désagréable de flashs répétés, sans danger.

3. Après l’examen

  • Repos de 30 minutes sous surveillance.

  • Éviter les efforts physiques immédiats.

  • Boire beaucoup d’eau pour éliminer plus rapidement le produit.

  • Surveiller le point d’injection : consulter en cas de gonflement anormal ou douleur persistante.

La communication entre le médecin et le patient est essentielle : bien préparer l’examen permet d’en tirer le maximum d’informations sans inconfort inutile.



Comparatif avec d’autres examens d’imagerie

L’angiographie est un examen essentiel mais elle s’intègre dans un arsenal plus large d’examens d’imagerie en ophtalmologie. Comprendre ses différences et complémentarités avec les autres techniques permet de mieux l’utiliser dans une stratégie diagnostique cohérente.

1. Angiographie vs OCT (Tomographie par Cohérence Optique)

L’OCT est devenu incontournable pour l’analyse structurelle de la rétine. Il fournit des coupes ultra-fines des différentes couches rétiniennes, permettant de détecter œdèmes, trous, membranes, atrophies, etc. En revanche, l’OCT ne montre pas la dynamique vasculaire. L’angiographie complète cette information en révélant le flux sanguin et les fuites vasculaires. Les deux examens sont donc complémentaires : OCT pour la structure, angiographie pour la fonction.

2. Angiographie vs OCT-A (OCT-Angiographie)

L’OCT-A est une avancée majeure, car elle permet de visualiser les réseaux vasculaires rétiniens et choroïdiens sans injection. Elle distingue les différents plexus capillaires et est très utile pour le suivi. Toutefois, elle ne permet pas de détecter les fuites ou les œdèmes, et son champ est limité. L’angiographie conventionnelle garde donc une valeur ajoutée pour cartographier les ischémies périphériques ou confirmer une activité exsudative.

3. Angiographie vs photographie couleur (rétinographie)

La photographie du fond d’œil permet d’observer les lésions visibles (exsudats, hémorragies, drusen), mais elle ne donne aucune information sur le comportement vasculaire. L’angiographie, en montrant le passage du colorant dans le temps, ajoute une dimension dynamique cruciale.

4. Angiographie vs échographie oculaire

L’échographie B est utile pour explorer l’œil lorsqu’on ne peut pas voir la rétine (cataracte dense, hémorragie intraoculaire). Elle détecte les décollements, les masses ou les corps étrangers. Elle ne visualise pas la microcirculation. L’angiographie est donc plus spécifique pour l’analyse vasculaire.

5. Angiographie vs IRM ou scanner orbitaire

L’IRM ou le scanner permettent d’explorer l’orbite, le nerf optique ou le cerveau, mais n’offrent aucune résolution capillaire sur la rétine. De plus, ils nécessitent des produits de contraste plus contraignants (iode, gadolinium).

En résumé, l’angiographie reste irremplaçable pour l’analyse dynamique des vaisseaux rétiniens, mais elle est le plus souvent combinée à d’autres techniques dans une approche multimodale.

Innovations technologiques et perspectives médicales

L’angiographie connaît une évolution technologique continue, qui tend à la rendre plus rapide, plus sûre et plus précise. Les dernières avancées dessinent une médecine de précision, à la fois plus confortable pour le patient et plus informative pour le clinicien.

1. Angiographie OCT sans injection

L’essor de l’OCT-angiographie (OCT-A) est une révolution majeure. Cette technologie permet de visualiser la microcirculation sans produit de contraste. De nouveaux algorithmes corrigent les artéfacts et élargissent le champ d’exploration. À terme, l’OCT-A pourrait remplacer certaines angiographies classiques pour le suivi de pathologies chroniques (diabète, DMLA).

2. Angiographie ultra grand champ

Les nouveaux systèmes d’imagerie (type Optos) permettent de couvrir jusqu’à 200° du champ rétinien, contre 45 à 60° pour les caméras classiques. Cela améliore considérablement la détection des ischémies périphériques et lésions périphériques dans les rétinopathies étendues.

3. Intelligence artificielle et analyse automatisée

Des logiciels d’analyse basés sur l’IA sont en cours de développement pour détecter automatiquement les anomalies vasculaires, quantifier les zones d’ischémie, suivre l’évolution d’un patient. Cela offre un gain de temps et une standardisation du suivi.

4. Colorants plus sûrs et ciblés

La recherche avance vers de nouveaux agents de contraste, moins allergisants ou ciblant certains processus (inflammation, néoangiogenèse). Cela ouvre la voie à une angiographie fonctionnelle et moléculaire.

5. Intégration thérapeutique

Des dispositifs combinant angiographie et laser sont en cours de développement, permettant une thérapeutique guidée en temps réel. On imagine également des thérapies photochimiques ciblées utilisant le colorant comme vecteur thérapeutique.

En conclusion, l’angiographie est en pleine transformation. Si les examens sans injection prennent une place croissante, l’angiographie injectable reste encore aujourd’hui un examen de référence, en particulier pour les cas complexes ou à interprétation subtile. Les innovations technologiques vont continuer d’enrichir ses capacités et renforcer son rôle central dans la médecine ophtalmologique de demain.

Références bibliographiques

  1. Société Française d’Ophtalmologie. Fiche d’information : Angiographie en fluorescence (fluorescéine). SFO. https://www.sfo-online.fr/media/20673
    PDF : https://www.sfo-online.fr/sites/www.sfo-online.fr/files/medias/documents/62_Angiographie_en_fluorescence.pdf

  2. Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG). Angiographie rétinienne – Brochure patient. https://www.hug.ch/ophtalmologie/deroulement-examen-angiographie-retinienne

  3. Institut de l’Œil. Angiographie rétinienne – Brochure d’information patient. https://www.institutdeloeil.com/documents/angiographie-fr.pdf

  4. Les Cahiers d’Ophtalmologie. L’OCT-angiographie en pratique. https://www.cahiers-ophtalmologie.fr/oct-angiographie-en-pratique
    PDFs :
    https://cdn.cahiers-ophtalmologie.fr/media/390b152e2768d3f64f2ff4cd68a6cf5d.pdf
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  5. Semoun O. Quoi de neuf en rétine : innovations et perspectives d’avenir. Réalités Ophtalmologiques, juillet 2025. https://www.realites-ophtalmologiques.com/2025/07/03/quoi-de-neuf-en-retine-innovations-et-perspectives-davenir

  6. Centre de Santé des Professions de l’Œil (CSPO). L’angiographie rétinienne – Brochure patient. https://www.cspo.be/uploads/brochures/OPHT-COMM-0006-Angiographie-r%C3%A9tinienne.pdf

  7. Bodaghi B., et al. Angiographies du fond d’œil : technique et interprétation. EM-Consulte. 2022. https://www.em-consulte.com/article/1594036

  8. Centre Ophtalmique de Lausanne. Angiographie en fluorescence – Fiche patient. https://ophtalmique.ch/app/uploads/2019/05/42_Angiographie_2024_WEB.pdf

    FAQ

    Où puis-je faire une angiographie ?

    L’angiographie oculaire se réalise dans un centre d’ophtalmologie équipé d’un appareil d’imagerie rétinienne. Elle est couramment proposée dans les cabinets d’ophtalmologistes, les cliniques spécialisées ou les hôpitaux disposant d’un service d’exploration visuelle. Chez OMMA Ophtalmologie, cet examen est effectué sur place, dans un environnement sécurisé, avec surveillance médicale après l’injection du produit de contraste.

    Combien coûte une angiographie ?

    Le coût d’une angiographie dépend du type d’examen (fluorescéine, indocyanine, OCT-angiographie) et du mode d’exercice du professionnel de santé (secteur conventionné ou non). En moyenne, une angiographie à la fluorescéine coûte entre 140 et 180 euros en secteur 2. Elle est en partie remboursée par l’Assurance Maladie, et le reste à charge peut être pris en charge par la mutuelle le cas échéant. En cas de secteur 2, des honoraires complémentaires s’ajoutent, notamment pour l’interprétation des résultats ou la consultation. L’OCT-angiographie, qui ne nécessite pas d’injection, peut aussi être tarifée différemment selon les équipements.

    Quel est l’intérêt de l’angiographie ?

    L’angiographie permet de visualiser le réseau vasculaire de la rétine et de la choroïde, en observant en temps réel le passage d’un colorant dans les vaisseaux oculaires. Elle permet de repérer des fuites, des zones mal irriguées, des vaisseaux anormaux ou des lésions inflammatoires. Elle est utile pour établir un diagnostic précis, guider un traitement (laser, injections intravitréennes, thérapies ciblées), et évaluer l’évolution d’une maladie après traitement. Elle joue donc un rôle fondamental dans la prise en charge des pathologies vasculaires rétiniennes.

    Est-ce qu’une angiographie est douloureuse ?

    L’examen est en général indolore. Le seul inconfort possible est lié à la piqûre de l’aiguille lors de l’injection du colorant dans une veine du bras, et à la gêne provoquée par les flashs lumineux durant la prise de photos. Les pupilles sont dilatées pour l’examen, ce qui peut rendre la vision floue et la lumière gênante pendant quelques heures. Des effets secondaires bénins comme des nausées ou une coloration temporaire des urines sont possibles, mais disparaissent rapidement. Les réactions allergiques graves sont très rares et font l’objet d’une surveillance médicale pendant 30 minutes après l’examen.