Quels sont les symptômes de l’uvéite syphilitique ?
L’uvéite syphilitique est une inflammation de l’œil liée à l’infection par Treponema pallidum, la bactérie responsable de la syphilis. On l’appelle « la grande imitatrice », car elle peut reproduire les signes d’autres maladies oculaires. Cette variété de présentations rend son diagnostic parfois difficile. Pourtant, plus elle est identifiée tôt, plus les chances de préserver la vision sont élevées.
Les premiers signes qui doivent alerter
Les symptômes peuvent apparaître de façon brutale ou plus progressive. Dans tous les cas, une baisse de vision associée à une douleur oculaire doit conduire à consulter rapidement.
Particularité : l’atteinte peut être bilatérale d’emblée, ce qui n’est pas habituel pour d’autres uvéites. Parce qu’elle mime de nombreuses pathologies, l’uvéite syphilitique est souvent diagnostiquée tardivement, ce qui peut aggraver le pronostic visuel.
Douleur, rougeur, vision brouillée : les signes fonctionnels
Les patients rapportent fréquemment :
un œil rouge et douloureux, avec photophobie (sensibilité à la lumière),
une baisse d’acuité visuelle ou une vision voilée, parfois fluctuante,
un larmoiement.
Ces symptômes sont communs à plusieurs types d’uvéites, mais leur persistance doit inciter à un bilan.
Quand l’arrière de l’œil est touché
L’inflammation peut aussi concerner le segment postérieur. Les patients décrivent alors :
des corps flottants (« mouches volantes »),
des éclairs lumineux (photopsies),
des taches sombres fixes correspondant à des lésions rétiniennes.
Ces signes surviennent souvent dans les deux yeux.
Uvéite antérieure et roséole de l’iris
L’uvéite antérieure non granulomateuse est une forme fréquente. Un signe rare mais caractéristique est la roséole de l’iris : dilatation capillaire formant de petites taches rosées sur l’iris, observée surtout au stade secondaire de la syphilis.
Dans les formes congénitales, une kératite interstitielle bilatérale peut être observée, rendant la cornée opaque.
Lésions placoïdes et choriorétinites
Au fond d’œil, l’ophtalmologiste peut mettre en évidence des choriorétinites placoïdes postérieures, plaques jaunâtres très évocatrices de la syphilis. D’autres présentations incluent des choriorétinites diffuses ou des remaniements pigmentaires pouvant imiter une rétinite pigmentaire. Les examens d’imagerie (OCT, autofluorescence, angiographie) sont essentiels pour confirmer la nature des lésions.
Panuvéite : une inflammation étendue de l’œil
Dans certains cas, l’inflammation touche simultanément les segments antérieur et postérieur : c’est la panuvéite. Elle est fréquemment bilatérale et traduit une maladie plus avancée.
Quand le nerf optique est atteint
La syphilis peut provoquer une névrite optique ou une papillite, responsables d’une baisse brutale de vision. Ces formes sont plus fréquentes chez les patients vivant avec le VIH. Sans traitement rapide, elles peuvent évoluer vers une atrophie optique irréversible.
Les signes généraux de la syphilis secondaire
L’uvéite survient souvent au cours de la syphilis secondaire. Elle peut alors s’accompagner de signes systémiques tels que :
une éruption cutanée, parfois sur les paumes et les plantes,
des adénopathies diffuses,
une alopécie par plaques.
Ces manifestations orientent le diagnostic mais peuvent être absentes.
Ce qu’il faut savoir chez les patients VIH
Chez les personnes vivant avec le VIH, l’uvéite syphilitique est plus fréquente et peut prendre des formes sévères ou atypiques. Les tests sérologiques non tréponémiques peuvent exceptionnellement être faussement négatifs (phénomène de prozone). Le contrôle de l’infection VIH influence aussi l’évolution oculaire et générale.
Les formes congénitales chez l’enfant
Dans la syphilis congénitale, l’atteinte oculaire typique est la kératite interstitielle, souvent bilatérale, s’intégrant dans la triade de Hutchinson (kératite, surdité, anomalies dentaires). Elle peut apparaître tardivement, à l’adolescence, et laisser des séquelles cornéennes ou rétiniennes.
Quand faut-il consulter en urgence ?
Toute baisse visuelle soudaine ou douleur oculaire persistante impose une consultation rapide. Certaines formes d’uvéite syphilitique peuvent mener à une perte visuelle irréversible sans traitement. La prise en charge repose sur une antibiothérapie par pénicilline, souvent associée à une corticothérapie pour limiter l’inflammation, sous la supervision conjointe d’un ophtalmologiste et d’un infectiologue.
À retenir
L’uvéite syphilitique reste rare mais sa fréquence augmente.
Les symptômes incluent douleur, rougeur, baisse de vision, corps flottants et lésions rétiniennes.
Elle peut être unilatérale ou bilatérale d’emblée.
Le diagnostic repose sur les tests sérologiques.
Un traitement précoce améliore significativement le pronostic visuel.